jeudi 9 janvier 2014

[ Event ] - Décembre 2018 (1)

Contexte : Décembre 2018. Ralph et Sandra, qui hébergent Lincoln depuis son retour en France, prennent quelques vacances avec ce dernier, leurs deux enfants, et Morgane qui souhaite leur filer un coup de main. Direction Cauterets, un petit patelin des Pyrénées, en vue de profiter de l'air de la montagne, des thermes, et éventuellement des pistes de ski. Peu après leur départ éclate un scandale médiatique inhabituel au SAVES, visant à mettre à mal l'image de l'organisation, et plus particulièrement de Ralph qui se voit accusé d'abus sexuels sur ses subalternes. Ne pouvant pas se défendre pour cause de prise d'otage simultanée, l'ex-patron du SAVES se laisse donner en pâture aux médias qui se révèlent manipulés par un membre proche de la Riscatto cubaine connu sous le nom de Joshua " L’Écarlate ". Il se laisse convaincre de ne pas écourter ses vacances, mais l'opération de Joshua déplaît fortement aux deux autres personnes voulant la tête du brun : Lowell, sans l'aval d'Arès, contre-attaque à son tour et utilise Ralph pour s'imposer face à ses rivaux. Devenu instrument de la guerre entre Arès, Lowell et Joshua, le Loup Brun est enlevé de jour, et sa femme décide de braver le froid - fait notable - pour dérouiller son instinct de survie et empêcher Lowell de surenchérir face à Joshua, ce qui pourrait bien coûter la tête du père de ses enfants.

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A partir de combien d'heure d'absence peut-on déclarer quelqu'un de " disparu ", et combien d'autres doit-on attendre avant que ne se meure l'espoir de le revoir en vie ... ?

Sandra comptait mentalement 34h sans aucune nouvelle, ne se basant que sur l'orientation tardive du soleil pour alimenter son inquiétude. Debout, immobile, perchée sur le point culminant le plus haut qu'elle ait pu trouver dans les environs, la brune embrassait du regard le paysage blanc s'offrant à sa vue sans éprouver le moindre plaisir face à l'immensité du monde. Le commun des mortels se sentirait petit, insignifiant face à ces montagnes épurées par la neige. Tout au contraire, Sandra, bien que perdue et agacée par la disparition brutale de son mari, se sentait capable de rivaliser avec l'orgueil de la nature elle-même. Réajustant le col de sa doudoune bleue, transie de froid par des heures d'errance dans ces montagnes, elle chercha à s'orienter pour redescendre vers le village voisin qu'elle apercevait à deux kilomètres à peine si elle traversait bois. Elle remerciait le ciel de connaître les environs de longue date, sans quoi la panique l'aurait peut être prise lorsqu'en rentrant à l'appartement loué pour l'occasion des fêtes, elle n'y avait trouvé qu'un mot, du sang, et un demi-adulte apeuré par la cruauté des hommes et la rançon de la vengeance. La commissaire n'avait pas non plus de scrupule à avoir laissé Lunis tout seul depuis douze heures : elle était convaincu que l'expérience avait été un choc, mais qu'en le laissant réfléchir assez longtemps pour réveiller en lui un instinct de fouineur jadis très prononcé, il allait finir par relativiser.
Néanmoins, elle commençait à avoir des inquiétudes pour ses enfants. Quand bien même sa mère avait accouru pour prendre en charge les jumeaux d'à peine trois mois, son instinct maternel personnel la titillait. Et ce dernier était à double tranchant au vue de la zizanie qui régnait dans ses pensées depuis trente quatre interminables heures. D'un côté, elle mourrait d'envie d'aller s'enquérir de l'état de ses bébés, et de rester à leur côté en pensant au retour éventuel de ceux qui avaient déjà forcé la porte d'entrée avec perte et fracas. De l'autre, sa loyauté envers l'homme qu'elle aimait la poussait à rester là, pistant la trace des trois inconnus ayant osé faire irruption dans leur royaume.

" C'est con parfois, l'instinct ... " murmura-t-elle à voix basse, plongée dans une profonde réflexion intérieure la faisant débattre sur la façon dont elle allait redescendre de son perchoir sans finir les fesses dans la neige avant la nuit. Elle avait une sainte horreur du froid. Et sa présence dehors était en soi une énorme preuve de fidélité envers son mari, même s'il n'était pas là pour apprécier la perspective, pourtant flatteuse. Levant le nez vers le ciel pour juger de si la neige avait déjà commencé à tomber, Sandra ronfla en constatant qu'elle perdrait les traces de ses cibles s'il prenait à la météo de s'emmêler. Un dernier coup d'oeil à la vallée, repérant pour la cinquième fois au moins les traces de pneus qui l'avaient intéressé toute la journée en contrebas de sa position, elle décida de tirer mentalement à shifumi de son sort. Et le hasard lui flanqua un coup de pied au cul quand il décida qu'il n'était pas encore l'heure pour elle de rentrer au bercail pour se couler un bon bain chaud et plonger le nez dans un Nesquik brûlant : elle consentit à s'éloigner encore un peu de son foyer de fortune pour longer les traces boueuses du 4x4 qui avait brisé son séjour en amoureux à la neige.

A quoi rimait cette mascarade ? Cette question ne quittait que peu son esprit. Ralph, pilier du SAVES, avait de nombreux ennemis depuis des années. On avait déjà essayé de le tuer, de le mutiler, de le rendre incapable de gouverner, de lui briser le coeur même. Et c'était exactement ce que quelqu'un avait tenté de faire ces derniers jours en salissant publiquement sa réputation, une grande première pour la maison qui essuyait son premier calvaire télévisuel. Ce Joshua avait du répondant, et sa tactique de prendre en otage la protégée de Ralph en prétextant qu'elle avait quitté son professeur à la suite d'une agression sexuelle n'était pas aussi rocambolesque que certains le pensaient. Pour sûr, une enquête allait être ouverte pour découvrir si oui ou non ces faits divers sordides avaient bien existé. Mais pourquoi irait-il enlever Ralph s'il voulait avant tout le discréditer ? Cette hypothèse n'avait aucun sens. C'est pourquoi Sandra, avec toute l'expérience du métier dont elle disposait, penchait plutôt vers un coup monté. Trois ennemis se dessinaient sur leur horizon depuis quelques mois, trois dangers différents, se livrant bataille entre eux par dessus le marché. Si ce Joshua avait promis d'envoyer Ralph en prison pour proxénétisme aggravé et agression sexuelle par abus de pouvoir, c'était qu'un des deux autres cinglé avait décidé de lui renvoyer le message suivant : " Toi, tu l'envois en prison, mais moi je suis capable de l'enlever vivant en pleine journée sans laisser de trace ". Pour peu que le troisième se joigne au délire, Sandra doutait de revoir son homme vivant.

Une bonne demi-heure s'écoula sous le silence de la montagne. Sandra, dont les pensées vagabondes oscillaient entre sa liste de course et les raisons ayant conduits à ce nouveau mystère, ne quittait pourtant pas des yeux les sillons de neige fondue qu'elle longeait depuis tantôt. Elle ne s'arrêtait que pour s'orienter par rapport à la vallée qu'elle avait quitté, ou remonter son col pour la énième fois en repoussant l'image d'une tasse à café servie avec des petits gâteaux au coin du feu. Dieu qu'elle haïssait le froid, et ne manquait pas de se le répéter à chaque fois que l'occasion se présentait à elle. Et ce n'était un secret pour personne. Combien de fois la brune n'avait-elle pas reçu un seau d'eau froide sur la tête ? Quand elle n'était pas enfermée dans une chambre froide ou obligée de sauter elle-même dans une mer à dix degrés ... On est vilain ou on ne l'est pas.
S'occupant l'esprit, ignorant la lumière crépusculaire descendant sous les silhouettes de roches l'encerclant, Sandra marcha encore un bon quart d'heure avant d'être enfin récompensée de ses pénibles efforts à braver le vent froid et la neige molle. Ce n'était pas dans son credo personnel de s'angoisser à s'en faire des films plus ou moins crédibles. S'il était acquis qu'elle éprouvait une certaine anxiété quand à l'état de son compagnon quand elle poserait ses bottes à ses côtés, chose humaine après réflexion, un tel état d'esprit aurait freiné son jugement. Le pire ennemi dans le métier restait la panique, la perte de contrôle émotionnel ne pouvant que vouer à l'échec toute tentative d'être lucide.

Elle connaissait deux cas de figure particulièrement dangereux.

Le premier, qu'elle évitait en ce moment même, consistait à céder à ses sentiments. Amour et travail ne faisait de toute évidence pas bon ménage pour des esprits jeunes et volages. A contrecoeur, elle s'avoua n'être plus aussi jeune que jadis, mais elle se fit un doigt d'honneur mental en se rétorquant à elle-même qu'elle en tirait au moins l'expérience qui lui était dû. Ce à quoi, la commissaire dû dans la foulée émettre une objection en se rappelant qu'en l'état, elle était toute seule face à l'inconnu. Ce qui revenait à braver LA règle des règles, le sacro-saint credo de la maison stipulant qu'un danger n'arrivant jamais seul, il ne fallait jamais être soi-même seul pour l'affronter. Il y avait donc égalité entre elle et sa conscience pour le moment.

Le second cas de figure dangereux, pour ne pas dire suicidaire, était alimenté par l'esprit de vengeance. Celui là même qui faisait battre les coeurs depuis des décennies, et qui à son goût avait engendré pas moins de 4 morts sur la roue, dans l'ordre : Annaelle, la Reine, Aurel, le Roi, James, le Renégat, et Régis, l'Exilé. A cela pouvait s'ajouter le pauvre Sceyne, qui n'avait probablement rien demandé de plus sinon vivre la vie qu'il avait choisi, et dont la malchance avait été d'en savoir trop sur des sujets trop sensibles. En d'autres termes il y avait pratiquement égalité entre les deux camps s'affrontant depuis deux générations. Et Sandra n'allait pas attendre que le prochain mort se présente à elle, surtout que tout son camp s'attendait depuis quelques temps déjà à ce que le prochain de la liste soit le fils du Roi.

Ralph.

La brune s'apprêtait à se lancer une une autre de ses objections piquantes lorsqu'une lueur vive, mais brève, vint heurter la sensibilité de son champ de vision. S'arrêtant, constatant en serrant les dents qu'elle n'avait aucun endroit où se mettre à l'abri de la vue d'un potentiel inconnu rôdant dans les parages, elle balaya rapidement du regard tout son côté droit, espérant apercevoir à nouveau la lumière qu'elle avait cru venir de là. Prudente, elle décida de contourner l'orée qui s'offrait à elle, et de jeter un oeil à ce qu'il pouvait bien cacher sans débarquer de front dans l'épaisse couche d'aiguilles risquant de ralentir un potentiel repli stratégique. Glissant sur la neige, légèrement baissée de manière à se fondre à hauteur d'un demi-tronc, l'adrénaline lui arracha un sourire victorieux lorsqu'elle comprit qu'elle venait de retrouver la voiture qu'elle avait eu tant de mal à pister toute la sainte journée. S'approchant encore, ignorant ce qu'il pouvait bien y avoir derrière ce 4x4 noire prenant toute sa vue, Sandra tendit la main pour venir la poser sur la capot du véhicule. Le moteur, à son grand soulagement, était froid. Même si la température était loin d'être torride, un regard dans l'habitacle confirma sa théorie : il n'avait pas servi depuis des heures, ce qui pouvait supposer que son ou ses propriétaires étaient terrés par très loin de sa position. Elle ne vit aucune trace de sang ou de lutte à l'intérieur, ce qui eu pour effet d'apaiser le fond de crainte qui s'était réveillé lorsqu'elle avait posé les yeux sur la carrosserie.

Contournant par l'avant le cylindré, toujours à demi-pliée en deux pour ne pas se trahir au moindre coup de vent, elle découvrit avec excitation que ce qu'elle n'avait pas réussi à distinguer clairement tantôt était en réalité une cabane de garde-chasse, ou un truc dans le genre au vue de la vétusté des lieux paumés en pleine montagne. Le flash de lumière qui avait capté son attention était en réalité l'oeuvre de la télévision et de quelque chaîne psychédélique à ne regarder que si on a l'estomac solide et la certitude de ne pas être épileptique pour autant. Quoiqu'il soit en train de regarder, probablement un porno d'ailleurs, le type qui avait eu envie de se détendre dans un fauteuil avec une bière et du saucisson venait de lui filer un bon coup de pouce. Remerciant sa bonne étoile, Sandra entreprit de faire le tour de la maisonnée, non sans jeter quelques coups d'oeil aux fenêtres afin, peut être, de monter un plan digne de ce nom. Encore fallait-il qu'elle soit au bon endroit, car aussi téméraire et inconsciente qu'elle soit, la belle n'avait aucune envie de faire faire une crise cardiaque au pépé du coin dînant devant Question pour un Champion ...

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