lundi 29 décembre 2014

[ Event ] - Décembre 2018 (4)


Camouflée derrière d'épais branchages de sapins renversées à même le sol, Sandra venait de finir son tour des lieux. Elle avait contourné la maison de fortune digne de Blanche-Neige, dans le sens des aiguilles d'une montre, mais n'y avait nullement aperçu sept nains. Dans la pièce côté sud, là où son regard avait été attiré par la lumière de la télévision, elle n'y avait trouvé qu'un pauvre type affalé dans un fauteuil, dont elle s'était empressée de savoir s'il portait une arme ou non à la ceinture. La nuit tombante l'aidait peut être à passer inaperçu, mais le givre s'installant sur les fenêtres à mesure que le mercure passait sous la barre des 0 rendait bien moins facile son opération d'espionnage. Et pour cause, elle aurait eu l'air maline à frotter la buée pour y jeter un oeil. Un simple regard depuis l'intérieur vers la vitre aurait suffit à la trahir : on ne loupe pas un gros trou essuyé du dos de la manche si facilement. Néanmoins, elle avait pu se faire une idée plus précise de l'occupant numéro un et elle affirmait sans trop se tromper qu'il n'avait rien d'un latino-américain. Ce qui pouvait rayer de sa liste mentale le clan cubain comme revendicateurs de cette merde.

En temps normal, Sandra n'aurait pas hésité une seconde quand à l'attitude à adopter pour investir les lieux. Avec un peu de maquillage et de charme, elle se serait faite passer pour une pauvre femme perdue sur les sentiers de la montagne en tenue beaucoup trop légère pour être honnête. Quelques regards, quelques gestes, et elle aurait roulé cette bande de rustre dans la farine dans le but de les faire frire pour plus tard. Dans de l'huile bouillante à souhait si possible. Or là, elle se doutait que ces zouaves avaient probablement eu sa description physique et psychologique avant d'être lancés dans le feu de l'action. Le fait qu'elle soit actuellement affublée d'une teinture blonde - ce qui était totalement anti-naturel au vue de sa crinière noire fétiche - ne pouvait pas non plus échapper à son signalement. A moins d'avoir sous la main des moustaches, un faux menton, et une paire de couilles, Sandra n'irait pas loin en attaquant de front. D'où qu'elle ait préférée continuer son tour, et passer le nez devant chaque fenêtre se présentant à elle. La baraque semblait dépourvue d'étage, au vue de sa forme saugrenue oscillant entre le champignon et le sex-toys donnant au toit une forme ridiculement haute. En revanche, il se pouvait parfaitement que ce trou à chasseur n'abrite un sous-sol pour entreposer skis, fusils, peaux de bêtes, et elle ne savait quoi encore. Un endroit parfait pour séquestrer quelqu'un tout en étant pratiquement certain qu'aucun flic foutrait les fesses aux alentours ...
Un sourire vengeur se dessina sur son visage. Si elle ne pouvait rentrer dans la souricière ... Autant jouer au chat, et faire tout pour les obliger à en sortir. Ce qui supposait que la commissaire prenait pour acquis que cette bande de vilains étaient bien les vilains qu'elle cherchait depuis des heures. Dans le cas contraire, elle n'aurait plus qu'à jouer les imbéciles ... Qu'importe ! 
Elle était donc à présent cachée derrière ces branchages renversés dans l'allée, fomentant son plan avec les moyens du bord. Elle disposait de bois, certes, d'une arme de poing calibre 9mm qu'elle avait pris soin de ranger dans sa doudoune avant de partir jouer aux cow-boys et aux indiens, de son smartphone, et ... C'était à peu près tout. Pas de quoi casser trois pattes à un méchant terroriste en cavale. Sauf quand on s'appelait Sandra. Levant le nez vers les hauteurs, se frottant les bras en signe qu'elle luttait toujours tant bien que mal contre son envie de sauter dans un bain chaud, la brune se doutait que son salut pouvait venir de l'effet de surprise. Le tout était de décider si elle allait laisser la vie sauve à ces rustres ... Une question qu'elle se posa bien vite avant de clore le sujet comme il lui était venu. Sandra, même si elle était habilitée à porter une arme, à s'en servir, à se procurer les meilleures raisons pour enfiler du plomb dans le derrière de ces types, n'avait en aucun cas le droit de vie ou de mort sur quelqu'un, aussi mauvaise soit cette personne. L'uniforme amenait son lot de responsabilités, et il existait bien sûr des situations où tirer en pleine tête pouvait se justifier. Dans l'instant, si elle prenait la décision de s'occuper elle-même du sort de ces bougres, rien ne pourrait la différencier de ce qu'ils essayaient de faire. Tuer par vengeance restait un meurtre, aussi bien aux yeux de la loi que de la conscience humaine. Elle n'était ni Dieu, ni homme, cette dernière condition étant un handicape plus ou moins soupçonné dans le milieu : tirer aujourd'hui dans le but de tuer par représailles ou tout autre motif n'était pas digne de tout ce en quoi elle croyait. De surcroît, Sandra était quasi certaine que si ça venait à se produire, Ralph, au mieux, lui ferait sa fête, au pire, la renierait. Elle n'était pas femme à tomber dans les clichés. Ni dans l'apparente facilité du schéma se dessinant à elle : méchant enlevant gentil mari pour raisons malsaines = droit de faire un carton. Non. Son carton à elle, elle le ferait sur une cible, pas sur un être humain. Et pour cause, elle valait tout de même mieux que cette bande de mercenaires. Sa fierté personnelle l'avait poussé jusque là, ce n'était pas pour trahir son credo au moindre tournant périlleux. En épousant Ralph, la Reine avait parfaitement conscience qu'elle signait un CDI en tête de la liste noire du clan des fanatiques de Régis. Elle acceptait la défaite, le doute, la peur, la douleur ... Mais salir son honneur n'avait rien de glorieux ou de satisfaisant dans ces conditions. Les règles du jeu, elle les avait établie conjointement avec son partenaire après des années et des années de lutte, de déceptions, de joies, d'expérience. Elle en avait pleuré, elle en avait rit, elle en avait bavé, elle en avait rêvé. Le tout, en même temps, dans le but de forger sa propre opinion de la vie, et sa propre ligne de conduite. Hors de question de tout faire foirer. Le seul truc qu'elle avait l'habitude de capoter, c'était un homme ! Et encore.
Ayant fini de cogiter, Sandra s'attela à escalader un des sapins en bordure de la modeste propriété, s'assurant que toute âme qui vive à l'intérieur ait à contourner les murs pour trouver répondre à la question : " C'est quoi ce délire ? ". S'asseyant en équilibre précaire sur une branche à mi-hauteur, de telle sorte qu'elle s'assure de ne pas se fracturer une jambe en sautant pieds joints dans la neige en contrebas, elle s'attela à la tache ô combien acrobatique de défaire sa doudoune sans basculer en avant la tête la première. Dézippant la fermeture éclaire, puis déboutonnant à la hâte sa chemise, vidée de toute envie de rester en tenue légère par un froid aussi glaciale, elle atteignit son objectif : son soutien-gorge, qu'elle dégrafa en quatrième vitesse avant de le laisser tomber négligemment par terre, à même la neige, pas trop loin de sa position, mais pas non plus complètement en dessous. Se rhabillant, la réflexion qu'elle était complètement tarée lui traversant l'esprit pour la première fois depuis 35h environs, Sandra termina ses préparatifs en s'assurant d'avoir encore assez de voix pour jouer la comédie. S'estimant prête, un sourire impayable aux lèvres, elle débuta alors son plan foutrement machiavélique pour faire sortir tous ces mâles de leur cachette sans trop se fatiguer.
" Au secours ! A l'aide ! Quelqu'un ! Hiiiiiiiii ! "
Une première tentative, suivit d'une seconde salve d'appels de donzelle en détresse, eurent pour effet de faire s'ouvrir la porte principale de la baraque. Tendant l'oreille, modulant sa voix en feintant d'avoir entendu âme qui vive, la brune continua son numéro, de telle sorte qu'elle pu voir la silhouette prudente d'un baraqué en mal de sexe s'approcher de sa position, un flingue entre les mains. Il déambula un moment entre les arbres, gardant le silence, jusqu'au moment où par un étrange miracle masculin, il tomba sur la lingerie fine étendue dans la poudreuse. Plongeant les deux mains dans la neige pour récupérer le précieux de tissus, Sandra aurait payé cher pour avoir l'occasion de voir la tête du bonhomme de plus près, probablement abasourdit par sa trouvaille. Et illuminé par l'hypothèse qu'une nana SANS soutif devait traîner dans le coin.
" Hey ? Y'a quelqu'un ... ? "
Bingo. Sandra, jouant les effarouchées, poursuivit son plan infâme. 
" - Enfin, de l'aide ! S'il vous plaît ! Je suis coincée !
- J'ai votre ... Euh ... Soutien-gorge ... Madame ?
- Mademoiselle. Je randonnais sur le sentier voisin quand je suis tombée tout le long du flanc de colline, et je crois que je me suis foulée la cheville. Sans compter que les branches et les rochers m'ont arraché mes vêtements et écorché les genoux. Je meurs de froid ! 
- Où êtes vous ?, demanda le gars, un peu suspicieux.
- Suivez ma voix ! Oh attendez, je vous vois ! C'est bien vous avec ce gros blouson de cuir ? Je suis sur votre gauche ! Non, l'autre gauche ! Voilà, avancez encore un peu, je suis derrière l'arbre juste là. Est-ce que vous pourriez me rendre mon ... Mon ... Enfin ...
- Euh, oui.
- Ne regardez pas ! " sermonna-t-elle, faussement indignée.
Sandra eut toutes les peines du monde à se retenir d'éclater de rire en observant le pauvre bougre, la main sur les yeux, tendant à une femme invisible derrière un arbre un vrai soutif. COMMENT diable arrivait-elle à faire une telle prouesse ? Il suffisait d'un peu de lingerie pour faire perdre toute crédibilité à un homme ! Une leçon qu'elle avait apprise de longue date. Décidant qu'elle avait assez profité de la naïveté de ce type, et craignant qu'il ne fasse volte face et se jette à bras ouvert là où il pensait voir une femme nue, Sandra prit le taureau par les cordes et lui bondit dessus avant que ce ne soit l'inverse. Lui flanquant un coup de genoux dans la mâchoire au moment d'atterrir, l'assommant au passage, elle veilla en priorité à éloigner le 9mm qu'il tenait dans les mains pour ne pas risquer de se prendre une balle perdue. La dégringolade aérienne plaqua instantanément le pervers la face contre la neige, la lèvre saignante, le regard flou. Le prenant en clé de bras, cherchant rapidement quelque chose pour l'empêcher de hurler à tout va qu'il y avait une folle furieuse à poil pratiquant le catch dans le jardin, la brune eu à son tour l'illumination en posant les yeux sur son soutien-gorge. L'empoignant d'une main, elle le noua autour du bec de l'inconnu, lui faisant littéralement avaler, serrant fort d'un noeud derrière les oreilles. Assurée qu'il ne braillerait pas, il lui fallut quelques secondes en rab pour trouver un moyen de l'attacher quelque part. Au final, elle opta pour enfermer sa proie dans le cabanon à outils un peu plus loin dans le jardin, scellant la porte avec une paire de cisailles qu'elle avait dégotée là. Jetant un dernier regard au type voyant des étoiles, ou autre chose qu'elle n'avait pas envie de savoir, elle haussa les épaules.
" Dommage. Je l'aimais bien ce soutif. Profite l'ami, t'en auras pas d'autre ! "
Refermant la porte horriblement grinçante sur son nez, elle s'en retourna près d'une fenêtre qu'elle avait vue s'allumer depuis son perchoir. Quelqu'un d'autre était visiblement réveillé et en train de vaquer à ses occupations. La question étant maintenant de comment faire pour le neutraliser à son tour ... 
Sandra allait pour refaire un tour des lieux, et vérifier au passage le 4x4 qu'elle n'avait pas suffisamment inspecté à son goût, lorsqu'elle se figea au milieu du jardin, ses épaules saupoudrées par la neige recommençant à peine à tomber. Tendant l'oreille, incertaine, son rictus fier et amusé s'estompa brutalement. Quelque part dans cette maudite baraque, elle venait d'entendre l'écho d'un cri. Et la voix, dont n'importe qui aurait pu y déceler l'intonation de la douleur, lui était bien trop familière pour qu'elle ne s'en préoccupe pas.

Aucun. Sauf une.

" Ralph ... ! "

lundi 20 janvier 2014

[ Event ] - Décembre 2018 (3)


Le bourreau s'éloigna en raclant le sol de ses chaussures, comme pour se débarrasser d'un chewing-gum collé sous ses semelles lourdes. Se déliant les chevilles, endolories par le poids du type les ayant écrasé suffisamment longtemps pour lui laisser des marques, Ralph retenta, en vain, de voir ce qui allait lui tomber dessus en se contorsionnant suffisamment pour passer le menton par dessus son épaule. Hormis la caméra, il ne voyait rien de dangereux arriver dans son champ de vision. S'ébrouant rapidement en réaction au courant d'air glacé lui longeant les omoplates, il décida qu'il était plus sage de calmer l'adrénaline brutalement relâchée dans ses veines, ferma son oeil valide, et inspira. Longuement. Calmement. La peur ayant accéléré son rythme cardiaque, il aurait été regrettable qu'il ne finisse par faire un blocage respiratoire, là, tout de suite, maintenant. Il s'était promis de ne pas donner satisfaction aux pulsions malsaines de son preneur d'otage, ce qui incluait de contrôler ses émotions, éviter de paniquer, et garder foi en la finalité des événements. Le brun doutait qu'il ait reçu l'ordre de le tuer. Mais le fait qu'il prenne la peine de filmer la scène à venir n'avait pas d'autre but que de le regarder souffrir.

Il eut une pensée pour Lunis, dernière victime en date des essais tortionnaires de Lowell. Ce dernier n'était clairement pas un professionnel de la manipulation psychologique, mais ils avaient pu tristement constater qu'il s'y entraînait assidûment en prenant pour cible le premier cas intéressant se présentant à lui. Lunis avait été choisi par ce malade pour mettre un frein à sa curiosité jugée gênante par l'ennemi. Et ainsi tuer dans l'oeuf le semblant d'ordre qui recommençait à apparaître dans les rangs du SAVES. Ralph ne pouvait pas juger de s'il avait réussi ou non. Dans tous les cas, son élève avait outrepassé la mauvaise expérience, et c'était plutôt bien remis en selle ... Quoique ça lui en eu coûté bien plus cher après coup, et que de toute manière, à l'heure actuelle, il ne se souvienne même pas d'avoir été traité comme un chien de combat.
Il était donc le prochain. Ralph ignorait quel était le pire dans ce manège : la punition en elle même, ou le fait d'attendre qu'elle vienne à lui ? Il n'avait plus envie de s'étendre sur le sujet. Déjà, dans son dos, une toute autre musique se fit entendre ...

C'était un son étrange. Un bruissement léger, volatile, peu audible mais particulièrement fluide. De toute évidence cela venait du sol, ou plutôt, c'était un son produit par le frottement entre le sol et ... Quelque chose. Il ne savait quoi. Cela n'avait rien d'effrayant, et écoutant attentivement une poignée de seconde, Ralph aurait qualifié cette singulière musicalité comme hypnotisante. Il se concentra, laissant parler son imagination, pour mettre un mot sur cette chose se déplaçant à l'abri de son regard. Dans le même temps, la démarche lourde et clopinante de son bourreau accompagnait le frottement ondulant ... Ce qui ne pouvait que vouloir dire que le type faisait exprès d'essayer de lui faire deviner ce qui pouvait bien lui tomber dessus dans peu de temps. Une longue minute s'écoula, ponctuée de temps à autre de ricanement, de soupir ou de vague exclamation moqueuse. Un claquement, enfin, provoqua l'illumination dans l'esprit du brun. Une révélation freinée brutalement par une violente douleur à la jambe droite lui arrachant un cri étouffé par sa propre surprise. S'appuyant sur sa jambe gauche pour soulager son muscle, Ralph tourna une dernière fois la tête, se mordant la lèvre inférieur pour s'empêcher de gémir.


Le fouet.

Alors voilà donc la manière choisie par son ennemi pour faire passer son message ? Nul doute que ça risquait de laisser des marques, voire de l'envoyer à la frontière de la mutilation physique si son utilisateur avait réellement l'esprit sadique. Chose qu'il ne doutait pas en l'instant. Sa première mise en garde était plutôt réussie : il avait frappé sa jambe suffisamment fort pour le laisser à boitiller pendant plusieurs jours, mais pas assez pour lui ouvrir le mollet à travers son pantalon. Seulement, est-ce que son dos nu allait supporter le traitement et n'être quitte que de bleus face à la morsure du cuir ? Impossible.
De la même manière qu'il eut une pensée pour Lunis et son expérience lui ayant montré qu'il n'était pas aisé de garder l'esprit serein en milieu hostile, Ralph fut traversé un bref instant par le souvenir d'Evan, alors jeune garçon de douze ans, dont le dos lardé de striures violacées avait été la principale preuve d'accusation contre son propre père l'ayant battu pendant des années. Il en avait gardé trace depuis lors, et en garderai probablement toute sa vie durant, la récurrence des coups de ceinture ayant fini par s'imprimer profondément dans sa chair. Mais ici, la violence des coups avait été forgée par la récurrence alarmante des punitions. Dans le cas présent, le type n'avait droit qu'à une seule chance, une seule séance pour finir sa mauvaise oeuvre. Nul doute que son credo allait être de faire le plus de dégât que possible.

Anticipant, résigné, et tout autant effrayé par le jeu macabre qui allait très bientôt se jouer, Ralph n'eut d'autre solution que de trouver la meilleure position pour supporter sa future torture : ignorant la douleur lancinante traversant sa jambe, il se campa correctement sur ses deux pieds, arquant légèrement les genoux, et joignit les deux coudes de ses bras tendus, faisant saillir les muscles de ses épaules. Rentrant un peu la tête, contractant par la même occasion ses abdominaux, il respira de nouveau longuement. Mais il n'arriverai jamais à se calmer d'une simple bouffée d'air. Il avait peur. Non pas de la mort mais de la souffrance. Le vrai courage n'était pas de s'affirmer sans peur et sans reproche. Il allait probablement hurler de douleur, et il préférait largement le faire plutôt que de se retenir, car il n'était pas un héros, et n'avait rien d'aussi stupide à prouver aux yeux du monde. De plus, c'était exactement ce qu'on attendait de lui : lutter pour coller à une certaine image qu'on devait se faire de sa personne, de fait qu'il devait se sentir [i]obligé[/i] de ne pas crier. Si le spectacle qui allait débuté ravirait probablement Lowell, Arès, et n'importe qui d'autre lui voulant du mal, ce n'était pas pour eux qu'il risquerait de perdre pied avec la réalité : alors il assumait son impuissance face à la situation, de même qu'il allait assumer de ne pas réagir en modèle irréprochable capable d'encaisser le fouet sans sourciller. Gardant les yeux fermés, s'obligeant de nouveau à respirer, et s'estimant prêt à subir, il ferma tous ses sens, et ne se concentra plus que sur son ouïe afin, peut être, d'entendre venir le sifflement aiguë qui allait lui arracher un peu de sa dignité.

Mais rien n'arriva pendant plus d'une minute ...

Une deuxième s'écoula en silence, sans que Ralph ne relâche le moindre de ses muscles. Il savait. Le brun savait que ce silence n'était qu'un prétexte pour qu'il abandonne de lui-même sa concentration, pour qu'il baisse sa garde et ainsi, permettre à son bourreau de frapper fort au pire moment. Cela faisait partie du petit jeu de pression psychologique qu'on tentait de lui faire subir, or sur ce terrain là, il avait suffisamment d'expérience pour ne pas céder à l'envie de se détendre. A sa grande satisfaction personnelle, cela agaça rapidement son tortionnaire, qui ne tarda plus à le lui faire remarquer.

" Puisque Sa Masjesté a l'air prête à recevoir le message, voyons si elle saura faire honneur à son rang. Mais avant, je dois vous racontez une histoire. Une histoire qui sera gravée dans votre chair, j'en ai peur. Allons, commençons. "

D'un geste théâtral, il alluma la caméra, son objectif poussiéreux braqué sur le dos de sa cible.

" Il était une fois un royaume plongé dans l'ignorance. Son peuple était programmé pour correspondre parfaitement à la société dans laquelle il vivait, et heureux celui qui s'y fondait par la grâce des Dieux. Le Roi de ce royaume, qui se portait bien, jouissait d'avoir pour héritiers deux garçons en pleine santé, jeunes et insouciants. Le monarque bénéficiait aussi d'une réputation douce dans le coeur de ses sujets, trop aveugles ou trop heureux d'être sous de bonnes grâces pour voir autre chose qu'un Roi dans les yeux de leur gouvernant ... Le Roi avait un ami qui partageait bien des points communs avec lui : il avait perdue sa femme tragiquement, et il avait à sa charge deux garçons nés de l'union. Parmi ces deux enfants, le plus jeune avait la singularité de penser le monde différemment. Il n'y voyait qu'un troupeau de mouton avare et cruel : pourquoi lui n'était-il pas accepté dans ce monde qui l'avait vu naître ? Son père, qui s'était depuis longtemps plié à la philosophie de son ami le Roi, n'acceptait pas qu'il pense autrement que comme la société. Il fut raillé. Rabroué. Rejeté. Exilé du monde ... Mais se jura qu'un jour, il aurait vengeance, et s’attellerait à la construction d'un meilleur royaume, différent, selon sa propre vision. Le temps passa, et la philosophie du fils Exilé s'affirma, si bien qu'un jour, un miracle vint : elle toucha la grâce de son propre père. Ensemble, ils se rebellèrent contre la tyrannie du Roi, contre le monde conforme, contre les règles instaurées ne laissant pas vivre certains de ses sujets. Il y eu un mort. Puis deux. Puis d'autres. Enfin le doute s'emparait du royaume. Enfin ceux à qui on ne laissait pas d'autre chance que la mort avaient leur mot à dire. Le père, Renégat, et le fils, Exilé, connurent quelques années de paix pour l'établissement de leur propre empire. Il grandit, prit forme, recueillit des sujets. Jusqu'à son apogée, lorsqu'enfin, ils arrivèrent à l'aboutissement de leur rêve, et renversèrent le Roi du royaume rival, le libérant ainsi. Mais un contre-temps survint : le Roi, lâche, avait décidé de mettre son fils, formaté à ses idées, sur le trône du royaume en cas de problème. Le Prince, qui n'était jamais né que pour remplir cette tâche, imposa son pouvoir à son tour. Il y eu rébellion, mais elle fut étouffée par de belles paroles calquées sur les discours de feu le Roi ... La liberté était perdue. Pire. Le Prince, fou de vengeance, et sourd au fait qu'il puisse y avoir autre chose que la manière de faire de son père, traqua sans relâche la philosophie du Renégat et de l'Exilé, rejetant toujours plus la différence. Il sombra à son tour dans la tyrannie, et utilisa l'héritage malsain de son père pour accomplir son désir : celui de supprimer ceux qui tentaient de gagner la liberté et avaient renversé le Roi. Sa quête fut malheureusement couronnée de réussite, lorsqu'un beau jour, il abattu sans aucune pité, sans aucun remord, sans laisser la moindre chance de survie, le Renégat. Le tout au nom d'une justice corrompue par son propre conformisme.

Ce fut le premier mort. Son premier mort. Et pour cela, il doit payer. "

Il y eu une inspiration, un sifflement, une détonation, un hurlement. Ralph n'avait en aucun cas été détendu par le récit idéalisé et fondamentalement grotesque qu'on venait de lui narrer. Mais lorsqu'il reçu le premier coup, lancé sans aucun ménagement par son bourreau probablement compatissant envers sa propre histoire, la douleur supplanta toutes ses craintes. Le choc l'avait fait brutalement sursauté, son corps tout entier se plaquant de lui même contre la parois du mur contre lequel il était tourné. L'impact avait été violent, et bien au delà du fait qu'il allait probablement avoir un hématome là où le cuir avait claqué, la seconde qui suivit ne lui laissait plus aucun doute quand au fait qu'il devait avoir eu la peau arrachée sous le coup. Une terrible sensation d'élancement se propagea jusque dans ses tripes. Puis ce fut au tour de la brûlure de lui torturer l'esprit : il avait l'impression maintenant qu'un fer chauffé à blanc était délicatement posé le long de cette interminable plaie lui traversant l'horizon du dos. Une impression renforcée par le sang chaud ne tardant pas à couler, chaque goûte brûlant un peu plus le trait de chair à vif. Secoué de spasmes douloureux, grognant, gémissant, ronflant face à l'horrible sensation d’échauffement, de tiraillement, de torsion, de décharge, seuls qualificatifs lui venant à l'esprit en l'instant, Ralph secoua la tête, agita ses liens, sa respiration se faisant plus forte et irrégulière que tantôt. Ses pensées occupées à affronter la douleur s'apaisèrent un peu, si bien qu'il put après d'interminables secondes se concentrer, enfin, sur le récit qui avait continué pendant sa lutte contre lui-même. A peine eut-il le temps de capter quelques mots qu'un second coup s'abattit, repassant par endroit sur le premier, lui arrachant à nouveau un hurlement déchirant, le forçant à nouveau à se débattre contre son corps tout entier transit de froid et de douleur.

Ralph ne pouvait pas suivre le récit censé être le symbole de son expiation, et par la même occasion une grande partie du message délivré à Arès. Il ne pouvait pas se concentrer, happé dans un cercle vicieux continu : il y avait d'abord cette inspiration, seul chose que captait son oreille, puis cet enchevêtrement de sensations toujours plus fortes, toujours plus paralysantes, toujours plus vives. Bientôt, ses jambes tremblèrent, et il se sut en état de choc. Ne pouvant soutenir son propre poids, il baissa les yeux vers le sol, et une lueur lucide lui fit remarquer que ses chaussures étaient éclaboussées du sang qui perlait en minces filets le long de son pantalon. Une forte nausée, qu'il réprima, lui monta lentement au nez à mesure que giclait l'épais liquide rouge tantôt le long de ses côtes, tantôt aux extrémités de ses épaules affaissées.

Combien de coups avait-il essuyé ? 
Il l'ignorait. 
Quels morts le fouet lui avait fait payé jusque là ? 
Il l'ignorait.
Quand son calvaire allait prendre fin ? 
Il l'ignorait.

Mais l'espace d'un instant, la pensée qu'il serait mieux mort lui effleura l'esprit.

dimanche 19 janvier 2014

[ Fiche Personnage ] - Roy




Noms : Roy Eriberto Altiero di Pheraeria.
La classe hein. Inutile de préciser qu'il est d'origine italienne celui là. Eriberto est le prénom de son grand-père, l'équivalent en français doit être Erbert. Le second est purement italiano, j'ignore si on peut lui trouver une consonance française !

Origine des noms : Contrairement à la croyance populaire, Roy n'est pas un prénom anglophone ou américain : il est latin, ce qui devrait être logique pour nous français vue qu'il fait parti de notre vieille langue, c'est le Roi, inutile d'aller chercher plus loin. Eriberto, de Erbert, couramment épelé " Herbert ", vient de l'allemand pour dire " Soldat Glorieux ". L'troisième j'sais pas son équivalence, alors à votre imagination !
Roy est juste une grosse référence au héros de Fire Emblem 6, de bout en bout. Pire : Erbert est bien le nom de son grand-père in game, et Pheraeria est l'équivalent un peu romantique de Pherae, le territoire de Lycia où Eliwood, puis Roy, sont les Marquis. Cela vient du fait qu'en 2002 est sorti Smash Bros Melee, avec en guest-star les personnages de Fire Emblem inconnus en Europe : coup de coeur.

Surnoms : Rouquin, Roucky, Chtouilleman, Royan ... Et j'en passe et des meilleurs là aussi.

Nom de Code : Actuellement, son nom de code est Régulus Ludio Ludius. En partie parce que son animal est un gros lion foufou, et on sait tous que Régulus est le nom de l'étoile la plus brillante de la constellation du Lion Zodiacal. Pour Ludio Ludius, de un, ça somme vachement bien, et y'a que Roy pour adorer avoir une rime dans son nom de code. De deux, ça vient du latin " jouer ", et désigne plus particulièrement quelqu'un ou quelque chose de " toujours joueur " autant dans le sens amusement ... Que dans le sens du musicien. Roy est pas prêt de l'abandonner celui là !

Âge : Né le 29/03/1994, ce qui lui fait 24 ans pour le moment.

Origines et famille biologique : Tout comme ses équipiers, s'il est les fesses derrière un bureau du SAVES, c'est aussi parce qu'il n'avait nul part où aller. Né dans une bonne famille vénitienne, ayant passé ses 5 premières années de vie dans une famille tout à fait normale à baragouiner de l'italien, il ne sait en revanche pas exactement ce qui l'a amené, enfant, à devoir fuir les frontières italiennes et à se réfugier en Suisse. En réalité, son père était un homme d'affaire pas tout à fait honnête. Ayant détourné des fonds, puis pris la main dans le sac, il a poussé sa famille à s'exiler pour fuir la justice de son pays, lequel ni lui, ni Roy ne reverront jamais. Enfant difficile avec l'âge, fils unique de surcroît, Roy s'est détourné de son paternel quand la justice l'a enfin rattrapé, et lui a demandé des comptes en ruinant les quelques revenus du foyer avant d'être envoyé en prison. Très humilié par la mentalité de son entourage, choqué d'avoir tout perdu, et cherchant sa place dans ce monde, le rouquin désormais francophone a tourné le dos aux siens depuis longtemps. Mais c'est à peine s'il s'en souvient ! Il ne garde qu'un souvenir mitigé de son père, mais aussi de sa mère ayant refait sa vie juste après leur fuite à Berne.

Couleur : Avec un tempérament d'extraverti et de cherche-ennuis, Roy porte la couleur rouge tirant plus sur le cerise ou coquelicot que le sang. Symbole de tout ce qui est chaud bouillant, vivant, dynamique, actif, énergique, volontaire ... La liste est bien longue. Couleur de l'amour, qui se fait voir, on lui prête aussi la colère, la passion, le danger, la violence,  la fête, et de tout ce qui n'est pas sérieux. En somme, tout Roy.

Chiffre : Le numéro 6. On sait que c'est un chiffre du maaaal, symbole de l'imperfection, de l'antiperfection même, associé à Satan, au satanisme, au ... Ouais bon on voit le tableau. C'est le chiffre de l'homme-animal en prise avec ses passions, non conscient de son potentiel divin. Chiffre de l'indécision, on lui trouve tout et son contraire : il est l'impatience, la famille, la compassion, du don artistique.

Animal : C'te grosse feignasse toute mignonne a pour animal le Lion. Probablement pour sa tendance à bailler au corneille !

Pièce du l'Echiquier : Roy est associé au Fou du Roi. 

Grade : Roy a le défaut d'être un tantinet ... Irresponsable. Il n'est pas fait pour mener, et il en a bien conscience, même s'il lui ait déjà arrivé par le passé de jalouser le grade des autres. Il se contente de suivre les ordres, ayant une foi aveugle en son mentor, et ne cherche pas plus loin que sa place de bout en train jovial censé remonter le moral des troupes. Il bosse au poste d'informateur, son rôle étant évidemment de dénicher tout et n'importe quoi, et d'en savoir toujours un peu plus que les autres sur un sujet donné ou une personne. Sa nature curieuse l'aide dans son métier, et il arrive souvent de le rencontrer aux archives ou chez le clan des hackeurs. 

Physique : Le plus petit des trois frangins, rouquin connu pour ne pas connaître le peigne et tout autre accessoires capillaires, on le reconnaît de loin avec ses mèches à l'image de son sens du rangement : en pagaille. Pas franchement taillé pour la lutte, des traits plutôt fins, pour ne pas dire enfantins malgré la vingtaine passée, il comble son physique en ayant adopté au détour d'une mission sous couverture une barbe et une moustache pour être, je cite : " Riche et sexy ! ". Ah, il est censé porter des lunettes aussi, et on peut le voir avec une paire colorée sur le nez de temps en temps, néanmoins il préfère largement les lentilles de contact, plus confortable en mission. Seulement il en porte de couleurs : ne soyez pas surpris de le voir avec les yeux jaunes ou rouges !

Qualités : Roy est avant tout un jeune homme optimiste, guilleret, facile à vivre quand on le connaît un peu et qui ne demande qu'à bien faire. Extraverti, curieux, il a un sens artistique assez prononcé qui fait de lui un bon musicien. Sa maladresse est une qualité, dans la mesure où elle égaye son entourage, qui fait de lui compagnon drôle et attachant.

Défauts : Son principal défaut est contre toute attente sa tendance à être colérique pour un rien. Rancunier, parfois immature dans sa façon de voir les choses ou de faire, il a la fâcheuse manie de fuir les problèmes quand il se sent en danger. Très très mal organisé, pour ne pas dire terriblement bordélique, partager un bureau avec lui devient vitre une épreuve au quotidien. Il manque aussi de confiance en lui, déteste être mis à part, et pas toujours honnête pour ce qui est de reconnaître ses tords.

Psychologie : On peut distinguer chez Roy une nette cassure dans sa mentalité entre l'adolescence et l'âge adulte. Avant de connaître le SAVES, c'était un adolescent compliqué, aimant traîner dans la rue, sécher les cours, s'adonner à des jeux risqués pour le simple fait d'obtenir de la reconnaissance. Or jouer les caïd amène son lot d'admirateurs, bien que ce soit la plupart du temps par la peur. Il se voyait jadis très bien faire partie d'une bande, d'un gang presque, se rebellant contre la société, contre la fatalité, et son propre destin, tout ça pour se sentir enfin comme quelqu'un de respecté, et non pas comme un petit gars roux déshonoré par la vie. Une aspiration qui l'anime encore, bien des années plus tard. Il a aussi longtemps considéré l'agressivité comme une forme supérieure de dialogue, et comme étant le moyen le plus simple et le plus rapide de se faire entendre : une pensée qui là encore ne s'est pas totalement effacée de sa psychologie moderne, bien que ce soit désormais plus par instinct que par conscience qu'il réagisse de la sorte. Marqué par les jeux d'argent, par la suprématie monétaire du monde ayant couru sa famille à sa perte, le Roy adolescent croyait dur comme fer qu'il n'y avait que par la richesse qu'on pouvait avoir respect et reconnaissance ... Il en reste d'ailleurs un peu radin sur les bords.

Concernant son passage à une mentalité plus adulte, il s'est fait laborieusement. Lorsqu'il a été repris en charge par le SAVES et confié aux bons soins de Ralph, Roy n'était pas prêt à s'intégrer, il fallait d'abord le remettre en confiance et lui faire passer la manie de vouloir se montrer supérieur aux autres, la loi du plus fort ayant longtemps influencé ses actes. Un travail de longue haleine sur lui même qui a bouleversé sa vie et sa psychologie, bien plus que n'importe quel autre personnage. Ralph s'est beaucoup occupé de lui seul à seul. Même s'il vaut avouer que Roy n'a pas les capacités de réflexion, d'analyse ou la patience de Lincoln ou de Marth, il a fait avec ses capacités, et a brillé par un autre talent pas moins inutile, celui de l'adaptation. Toute sa psychologie a été bouleversé : il s'est pardonné à lui-même ses erreurs pour pouvoir ensuite reprendre un nouveau départ non plus en marge de la société, mais en son coeur. Sa philosophie repose désormais sur les liens familiaux, et l'importance d'être à l'écoute des autres, Roy étant extrêmement sensible à la cohérence régnant autour de lui. Il est du genre à tendre facilement la main vers ses compagnons, et à rendre service sur n'importe quel dossier, même si ça ne le concerne pas ou s'il est déjà occupé à faire autre chose. Fouineur dans l'âme, parfait au poste d'informateur, il accepte qu'on lui demande de faire des recherches plus ou moins poussées sur tous les sujets du moment que ça file un coup de main. Souvent présent à la machine à café, son petit plaisir pour amuser la galerie consiste à utiliser la touillette fournie avec son gobelet pour partir dans des solos de " Chtouille Dzoing Dzoing " endiablés n'ayant pas d'autres buts que de faire rire la galerie. Fondamentalement, son confort de vie tient en une chose : tant que tout ceux en qui il croit vont bien, il n'a aucune raison de se plaindre. Certes il geint parfois pour des broutilles, mais on ne peut pas lui reprocher d'être bavard sur ses propres problèmes. Il est pipelette parce qu'il croit en ce que Ralph lui a enseigné, c'est à dire que la communication est un excellent moyen de régler des conflits ou des problèmes, ce qui est l'exact contraire de ce qu'il faisait plus jeune. Sa bonne humeur, qui est loin d'être forcée, fait aussi office de pilier dans sa manière de voir les choses : garder le sourire soi-même permet bien souvent de le provoquer chez les autres.

Relations amoureuses : D'après ses propres dires, il n'a jamais été bien souvent amoureux dans sa vie. Peut être deux filles l'ont attiré pendant son adolescence, mais il est tellement timide avec la gente féminine qu'il a tendance à mettre lui-même en échec ses chances de relation. Après la mort de Régis, il a été envoyé un certain temps à Helsinki, où il a fait la connaissance d'une jeune locale artiste et musicienne : Eerika. Il a longtemps voulu cacher son béguin pour elle, mais il s'est casé avec l'aide de Sven et son franc-parler légendaire. Elle a dû rompre après avoir été mêlé à une prise d'otage, forcée par sa famille à s'éloigner de lui. Inutile de dire que Roy en a eu le coeur brisé pendant des semaines ! Heureusement que Sven est là, et qu'il a tout arrangé le mois dernier ... !

Relations courantes : En prenant un peu de maturité, Roy est devenu très sociable, et très franchement on ne lui connaît personne dans la ligne de mir. Il lui faut un rien pour engager la conversation, et un rien pour s'attacher aux gens qui l'entourent, ce qui fait de lui un perso apprécié d'un peu tout le monde. On lui connaît juste une petite rivalité musicale avec Loon, du SIR, mais rien de bien méchant dans la mesure où ils passent maintenant plus de temps à jouer ensemble qu'à se disputer le titre de meilleur musicien SIR-SAVES confondu. Avant d'intégrer le SAVES, il connaissait déjà Marth, ce qui fait qu'ils ont un sentiment de fraternité naturel l'un pour l'autre. Bien sûr il apprécie ses deux autres équipiers, et comme beaucoup d'autres, considère aussi bien Ralph comme son patron que comme son mentor ou ce qui se rapprocherai d'un second père. Il est très sensible à sa place dans le rouage, et bien qu'il ne préfère passer pour un bout en train auprès des autres, c'est très important pour lui de se sentir aimer par ceux qu'il côtoie. 

Goûts : Roy n'a pratiquement d'yeux que pour sa guitare ! La musique a été un élément très important pour lui permettre d'enterrer sa vie d'ado, ça a été un défouloir, et il ne conçoit pas d'arrêter de jouer, c'est son plaisir au quotidien et il a un répertoire plutôt divers du fait qu'il pratique depuis dix ans. Plus gourmand que tous les gourmands du groupe, il passe son temps à manger tout et n'importe quoi : gourmand ne signifie pas gastronome ! Il est dingue de chocolat, et s'enfile à lui seul les réserves de bonbons. Bec à sucre, il ne peut pas non plus se passer de café, dont sa recette préférée reste le Latte Macciatto. A moins qu'il n'adore plus que tout les touillettes, allez savoir ! Très geek, fourré derrière un écran d'ordinateur, il n'est jamais contre une partie de jeu vidéo, et adore être au courant des derniers joujous high-tech. Roy adore aussi faire la tchatche, ça occupe ses journées. En revanche il a une sainte horreur d'être dérangé quand il joue de sa guitare, et quand il perd par mégarde une de ses lentilles par terre, y'a rien de plus chiant à retrouver ! Il déteste aussi qu'on le provoque, il est incapable de garder son sang-froid quand on l'agresse, et ça l'énerve d'autant plus qu'il sait parfaitement que ça ne sert à rien de réagir violemment face à une insulte. En fait Roy c'est un peu le mixe entre Raph et Mickey des Tortues Ninja. 8D

Particularités : Il a une grenouille rainette du nom de Touillette. Oui ça sonne Royesque ! Il a aussi un des bébés chat d'Astarte, nommée Chatouille, pour faire le duo avec la Toutouille ! Attendez vous à ce qu'un jour il craque pour une troisième bestiole qu'il ira appeler Ratatouille. Il est souvent enrhumé, il a le nez assez sensible, et on entend régulièrement Roy renifler lamentablement dans son bureau. Il a des cicatrices sur trois doigts de la main gauche : ils avaient été sectionnés par Régis par représailles, mais il n'en garde pas de séquelles graves.




dimanche 12 janvier 2014

[ Event ] - Décembre 2018 (2)



35h de jeûne n'avaient pas encore eu raison des forces de Ralph. Assis en tailleur à même le sol, poings liés, le plus grand inconfort de sa situation n'était ni la captivité, ni l'humidité ou la température ambiante, mais bien la corde serrant fort ses poignets endoloris accusant le faible flux sanguin et la brûlure que leur causait les liens. Son expérience lui faisait garder son calme, et se contentant de garder les yeux fermés, sa principale occupation se résumait à écouter les allers et retours de ses ravisseurs dont il entendait les pas à l'étage du dessus. Il ne pensait ni à la mort, ni à la douleur, car c'était précisément ce pourquoi on l'avait enfermé, solitaire, dans cette pièce sombre sans fenêtre : pour faire naître dans son esprit l'angoisse des événements futurs. Or Ralph ne leur ferait pas ce plaisir, et pour se détendre, passait le plus clair de son temps à se réciter des chansons des dessins animés Disney. Quand il allait apprendre à sa femme qu'au lieu de stresser comme un dingue à s'imaginer les pires atrocités qu'on puisse lui faire, et la liste était plutôt longue, il revisitait mentalement le concept de karaoké à la sauce conte de fée, elle allait probablement adorer l'idée de chanter " Soyez Prêtes " au nez de ses bourreaux, avec l'accent qui va avec.

Il esquissa un sourire amusé. Ne pas perde ses moyens dans une situation difficile relevait de la bravoure. Mais rire de sa propre bêtise face au manque de sérieux dont il faisait preuve en l'instant précis était estampillé du logo " Sandra ". Jadis, il aurait pu éprouver de l'angoisse, retenir son souffle au moindre mouvement suspect, craindre pour sa vie, serrer les dents face à l'humiliation de la situation ... Mais plus maintenant. Non pas qu'il n'ait plus du tout peur, car pour entretenir un niveau d'éveil minimum, il se devait d'entretenir l'adrénaline coulant dans ses veines. Mais il était tellement plus amusant de penser à ce que d'autres, en l'occurrence Sandra, lui avaient apporté en cas de prise d'otage qu'il ne pouvait s'empêcher de fredonner " Hakuna Matata " pour ne pas péter un plomb, ajoutant dans un coin de sa tête que l'ironie n'était pas une mauvaise arme face à l'adversité.

Une démarche lourde attira son attention au milieu du refrain de " Comme un Homme ". Tournant tête et buste vers l'unique porte d'entrée et de sortie de la remise, le reste de son corps orienté vers le mur, il tendit l'oreille pour savoir si quelqu'un comptait rentrer dans sa prison de fortune pour lui parler. Car depuis toutes ces heures, Ralph ne savait même pas pourquoi et pour qui on lui avait envoyé un comité d'accueil ayant pris le risque de se déplacer de jour avec un otage. Bien sûr, il avait eu tout le temps de fomenter ses propres hypothèses, et il n'ignorait pas que tout cela devait avoir un rapport avec l'alléchante récompense mise sur sa tête depuis qu'il débusqué un bon vieux scandale de chantage au sein même de la 3ème. Depuis, il avait la curieuse impression d'être un gibier lâché en territoire hostile, courant à l'aveugle pour éviter de ne rentrer sur le territoire de l'un de ses trois vieux démons. L'ex-directeur du SAVES n'ignorait pas non plus être un pion-clé du jeu que se livraient ses adversaires entre eux, et bon nombre de ses collègues et amis pensaient, à raison, qu'il finirai par se faire exécuter pour alimenter cette bonne vieille roue de la vengeance. Mais dans le cas présent, si l'un ou l'autre de ses adversaires avait voulu le voir mort, il n'aurait pas attendu des heures durant pour se faire. Ils attendaient probablement quelque chose de lui. Ce qui ne laissant pas beaucoup de doute quand au fait qu'il allait bientôt passer un mauvais quart d'heure.

La porte de sa cellule improvisée s'entrouvrit lentement, brisant le silence des lieux par un grincement long, plaintif, et peu agréable à ses oreilles. Ralph, toujours tourné à moitié seulement, toisa du coin de l'oeil l'un des hommes dont il avait eu le déplaisir de faire la connaissance au terme d'un remue ménage musclé à l'appartement. Peut être cherchait-il à l'impressionner avec son air hautain et son sourire mielleux. Le même genre de sourire que ferait un type impatient de partager une blague impayable avec un bon ami. Le sadisme en plus. Un rictus amusé que ne partageait pas son otage, impassible, scrutant sans un mot la folie du clan rival, dont il ne pouvait pas ignorer qu'il était en partie la source et l'inspiration. Un silence étrange pesa sur les deux hommes l'espace d'un instant ... Un silence mué d'une réflexion de la part des deux partis. Mais Ralph n'avait aucune envie de savoir, au vu de la lueur d'intérêt luisant dans l'oeil du type, à quoi il pouvait bien penser en le dévisageant comme ça. Laissant la porte ouverte pour avoir de la lumière en cette fin de journée, l'homme fit deux pas vers son otage, se donnant l'air de maîtriser la situation avant de prendre la parole d'un ton plus méprisant qu'autoritaire.

" 35h, et personne pour venir nous supplier. Où est donc votre famille, Votre Majesté ? "

Pour toute réponse, le brun haussa un sourcil. Ce n'était ni pour exprimer de la déception, ni pour contredire le fait qu'il demeurait encore tout seul dans la pénombre : en réalité, il était plus étonné que surpris d'être affublé du sobriquet " Sa Majesté ". Un tic de langage, ici une insulte sans aucun doute, qui ne pouvait pas venir d'ailleurs que du clan de Lowell, lui même hérité de celui de Régis. Il n'y avait que cette bande de fanatiques pour hiérarchiser le SAVES, et le classer comme étant le Roi blanc de l'échiquier. Ainsi avait-il au moins appris une chose, il était actuellement entre les mains du successeur attitré du Loup Rouge ... Ce qui ne l'empêcha pas de garder le silence face à la question. Son bourreau ne s'en agaça pas, tout au contraire, et se mit à sourire plus que nécessaire pour faire comprendre à son otage qu'il attendait une telle réaction de sa part. Ralph pu se faire une idée plus précise des traits de son agresseur lorsque ce dernier se mit à lui tourner autour, pas après pas, ses petits yeux noirs cernés le fixant avec insistance. A vue de nez, l'homme était un peu plus grand que lui. La quarantaine passée sans aucun doute, et dont la principale qualité devait être un manque de scrupule dans les boulots qu'on lui confiait. Souvent, le brun s'était demandé quel plaisir pouvait retirer une âme en peine à faire souffrir physiquement et mentalement son prochain. Pour le comprendre, encore fallait-il avait goûté un jour à ce sentiment de puissance décrit par ces fous. Or pour Ralph, ce n'était pas le cas, et l'incompréhension ne pouvait que régner en cet instant.

" - Il est un peu tard maintenant. On va devoir inciter la famille royale à bouger un petit doigt pour son Roi.
- Est-ce là votre objectif ? Soutirer de l'argent ? Je sais que Sandra a touché le gros lot, mais j'ai toujours cru jusqu'à présent que le camp adverse avait toujours plus de petites coupures que nous. Après tout, il est plus simple de salir de l'argent que de le blanchir, mais vous concernant il ... "

Un rire amusé le coupa dans son élan sarcastique. L'homme, qui s'était à présent arrêté de tourner tel un vautour cherchant le meilleur angle d'attaque pour dévorer sa proie à l'agonie, tendit sa main osseuse et empoigna une touffe de cheveux, qu'il tira vers l'arrière, obligeant automatiquement Ralph à lever le menton.

" - Belle imitation. La teinture, le tatouage, le style ... Tout était parfaitement calculé pour faire passer le Roi pour plus que ce qu'il n'est. Maître Lowell a apprécié. Et il m'a demandé d'ailleurs de vous faire un cadeau. "

Dans une position inconfortable, la gorge découverte, la nuque ployée vers l'arrière, Ralph vit du coin de l'oeil son bourreau plonger sa main libre dans une de ses poches, pour venir en sortir quelque chose que dans un premier temps, le brun ne vit pas. Il devina, lorsque les doigts noueux et usés à la besogne de l'homme repassèrent devant ses yeux, que ce mystérieux cadeau était en réalité à moitié transparent, petit et ovale comme ...

Une lentille de contact.

Il garda le silence, l'allusion était de toute manière évidente. Lors de cette soirée qui lui valait d'avoir les cheveux teintés en noir, il en avait portée des similaires. Une de couleur bleue. L'autre de couleur rouge, véritable marque de fabrique du clan de Régis en plus du tatouage. Le sourire du type n'en fut que plus grand. Méticuleusement, il prit la lentille entre son pouce et son index, et tenant fermement la tête de sa victime basculée vers l'arrière, il plongea les doigts directement sur son oeil droit. Ralph, histoire de retarder l'obtention de ce cher cadeau empoisonné, ferma l'oeil dans l'espoir d'agacer son tortionnaire. Bientôt, il dû renoncer à se défendre, comprenant qu'il risquait d'être éborgné sous peu avec ce rustre enfonçant son index gras sous sa paupière supérieure. L'indélicatesse de son ophtalmo de fortune lui valut de gémir de douleur lorsqu'il lui écrasa l'objet droit dans l'oeil, et qu'il tenta de la centrer lui même, lui raclant la sclère au passage. Une désagréable sensation de brûlure le prit une fois le cadeau remis : son oeil pleurant bientôt sa douleur lui fit réaliser que quelque chose n'allait pas.

De quoi était enduite la lentille ?

Il l'ignorait, mais la pénible sensation d'avoir l'oeil cerclé d'aiguilles lui rappela entre quelles mains il venait de tomber. Plissant les yeux, il distingua une fois la poigne lui maintenant la tête jetée en arrière relâchée, que son bourreau était en train d'installer du matériel numérique juste derrière lui, à la lumière d'un jour à peine présent. Il alluma la seule ampoule présente dans cette pièce lugubre, aveuglant au passant un peu plus le brun, et se mit, en sifflant, à installer une caméra sur trépieds en plein centre de ce qui allait devenir sous peu sa salle de torture personnelle.
D'interminables minutes passèrent, le seul bruit notable restant le boucan que faisait le type pour installer une pauvre caméra refusant de tenir sur trois pieds. Quelques jurons, l'aide d'une bande de scotch souple, et une nouvelle galère pour trouver une prise susceptible d'être utilisable retardèrent le début des hostilités. Ralph, qui se doutait que tout ceci ne présageait rien d'autre qu'une séance d'interrogatoire ayant pour but d'impressionner ennemis et alliés, préféra museler son instinct pessimiste pour s'éviter d'appréhender le moindre traitement. Il suivait du regard les déplacements de l'homme, espérant rester le plus neutre que possible, se contentant simplement d'hausser un sourcil chaque fois qu'il était gratifié d'un sourire mesquin le prévenant qu'il allait se passer quelque chose incessamment sous peu.

Lorsqu'il eu enfin terminé son effroyable bataille contre le monde numérique sauvage, le visage rougis par le froid et l'effort, le bourreau se tourna envers vers sa victime dans l'espoir de lire, enfin, de la peur au fond de sa pupille. De toute évidence déçu par l'absence d'émotion dans l'expression du brun, il passe à la vitesse supérieure : contrairement à ce que Ralph pensait, il n'allait pas faire face à la caméra. L'empoignant par les épaules, le forçant à se mettre sur ses pieds, l'homme entreprit de la plaquer brutalement et de tout son poids contre le mur du fond. Son front heurta la pierre froide, ses phalanges émettant un craquement sec lorsqu'elles s'écorchèrent contre. Grognant, écrasé tout entier par une carrure nettement supérieur à la sienne, le brun ne se débattit pas, ayant rapidement compris que la moindre velléité d'engager un combat au corps à corps risquait de lui coûter un bras, ou pire, de se retrouver le nez éclaté contre le mur. Une perspective peu alléchante, dans la mesure où ce qui l'attendait risquait d'être bien supérieur à une simple fracture du nez. Autant préserver ses chances de survie, et ne pas se donner l'excuse d'avoir du rab sur sa future facture d'hospitalisation. Il ronfla, remuant juste les épaules en signe de protestation, et se vit manipuler comme un pantin désarticulé par son future tortionnaire. Il lui fit lever les deux bras juste au dessus de la tête, les poignets toujours solidement attachés, qu'il relia à une corde pendant mollement au bout d'une poulie rouillée au plafond. Convaincu que sa cible ne bougerait plus, mais se méfiant tout de même d'une réaction violente venant de son jeu de jambe, l'homme relâcha sa poigne contre sa nuque, et termina de s'assurer d'avoir les mains libres en lui écrasant les deux chevilles du plat de ses chaussures. Ce à quoi, plongeant la main dans l'autre poche de son manteau, il en trifouilla le contenu quelques secondes avant d'empoigner le bas de la veste de son otage.

Ce n'est qu'en sentant le courant d'air froid remontant le long de sa colonne vertébrale que Ralph réalisa que le type était en train de le déshabiller à la manière forte.

Découpant littéralement veste et chemise avec une paire de ciseaux dont le Roi pouvait sentir la lame l'érafler de temps en temps, le bourreau s'appliqua à suivre les coutures du dos et des manches afin de séparer le tissus en deux morceaux, tel un patron que l'on déplie avant assemblage. Arrachant sèchement tout ce qui lui résistait, Ralph se retrouva bientôt torse nu, ses muscles se crispant brutalement face au froid nouveau mordant sa peau. Un frisson, d'abord, lui donna la chair de poule, puis bientôt, son corps tout entier se mit à grelotter, peu habitué à résister à de basses températures sans rien sur le dos. Serrant les dents, sa fierté légèrement entamée face au ridicule de la situation, le brun regardait par dessus son épaule pour tenter de lire l'expression de celui qui devait probablement exécuter des ordres précis. Mais son oeil pleurant toujours, la paupière enflée à la suite de la brutalité avec laquelle on lui avait sommé de porter une lentille du clan, il ne distinguait pas grand chose de concret. Alors qu'il s'attendait à une quelconque réflexion ou commentaire piquant sur la tournure des événements, Ralph eut un sursaut autant surpris qu'inconsciemment désobligé lorsqu'il sentit deux doigts retracer la ligne irrégulière mais sensible de sa cicatrice. Celle qu'il portait sur la poitrine, témoignage de son accident l'an passé, et du fait qu'il avait passé six bonnes heures avec un tableau de bord broyé enfoncé en diagonale à hauteur du plexus solaire. Il n'avait pas à proprement dit " mal ", mais la sensation restait malgré tout désagréable. Non pas qu'il s'attende au contraire ... Pour l'heure, il ne comprenait même pas pourquoi le type venait de s'autoriser cette fantaisie. Assuré d'avoir capté son attention, le concerné eu un rire léger.

" Celle là vient du clan d'Arès. Un essai raté. Une erreur. Le témoignage d'un cuisant échec ... Qu'est ce que ça fait, d'être le symbole vivant de l'incompétence de quelqu'un ? "

Le bref silence indiquant probablement que Ralph se devait de répondre à la question, il souffla entre ses dents qu'il ne ressentait absolument rien de tout cela, et que ça lui était égal. Si entre eux, Arès et Lowell considéraient que cette cicatrice n'avait pas lieu d'être, lui n'était pas plus ému que ça dans la mesure où c'était au final peu cher payé pour avoir survécu à cette tentative ouverte d'assassinat.

" Pour nous, c'est une provocation. Cette cicatrice existe, et pour vous, c'est juste un petit rappel de ce qui peut arriver à tout moment. C'est pourquoi Maître Lowell a décidé que c'était un bon terrain de vengeance. Arès est un tyran, même pour nous. Alors nous voulons lui renvoyer le même message ... En mieux. "

L'adrénaline augmenta d'un cran l'appréhension. Tout ceci n'avait aucun sens ... Ces mots, cette phrase, cette idée n'avait absolument aucune logique. Pourtant, à travers l'argumentation douteuse de ce représentant du Loup Rouge, Ralph venait d'y comprendre qu'il allait servir de papier pour narguer le clan d'Arès. La question était maintenant ... Quel genre d'encre allait-il utiliser ?

Et quelque chose lui disait qu'il allait en employer une aussi indélébile que la cicatrice qu'il avait gracieusement reçue d'Arès.

vendredi 10 janvier 2014

[ Journal Cuba Acte III ] - Deuxième Partie

Le jour se lève et le temps nous est précieux. J'ignore si c'est de l'ordre de la paranoïa ou si notre prudence est avisée, mais partager nos nuits en deux temps est une sécurité paradoxalement nécessaire pour garder un brin de lucidité dans ce milieu silencieusement hostile. Nous ne craignons pas grand chose de jour, cette maudite ville étant relativement agréable et touristique, assez pour que les autorités locales ne s'encombrent pas avec une affaire d'assassinat publique : la Riscatto elle-même avait tendance à ne se déployer aux grandes heures qu'en cas d'extrême urgence. En attendant, j'avais convenu avec mon partenaire d'infortune que nous n'étions pas là uniquement pour rattraper des années de frustration, et qu'il nous fallait monter la garde à tour de rôle pour éviter quelques mauvaises surprises. Mon horloge biologique ne faisant pas de moi une couche-tard particulièrement accomplie mais plutôt une lève-tôt finissant rarement ses nuits, je prenais donc la responsabilité de garder l'oeil ouvert entre 4h et 8h du matin. Lunis s'occupait de veiller durant les quatre petites heures précédentes, et jusqu'à présent nous n'avions pas eu le moindre problème à signaler. Je devais même admettre que regarder le soleil se lever à la fenêtre avait quelque chose de ... Réconfortant ... Et que je ratais jamais ces quelques minutes quotidiennes. Il était tôt, le soleil dans ces contrées se levant peu avant 7h durant la première moitié du mois de juillet, et ma foi ce plaisir simple convenait à mon esprit embué et solitaire en mal de sensations bien vivantes pour combler sa douleur et sa lassitude.

Toujours dérangé par les premiers rayons de lumière filant sans peine dans la petite pièce dépourvue de rideaux ou de volets viables, j'entendais pratiquement à la même heure mon partenaire se retourner dans le lit. Ces années creuses, loin de ma famille, avaient eu le curieux effet de me faire oublier les détails drôles ou agaçants que l'on pouvait croiser au détour de la vie commune. En l'occurrence, j'avais tous les matins un paresseux grogneur et grommelant en guise de compagnie, et le temps qu'il trouve une position viable et à l'abri du soleil, son panel de marmonnements masculins allant crescendo était d'un ridicule déconcertant pour ma nature silencieuse. Je n'avais pas le coeur à rire, mais son numéro étirait un sourire amusé sur mes lèvres. Un détail qu'il savait pertinemment. Et le jeu ne trouvait son existence que dans son aboutissement : rire ou sourire était un remède contre la solitude, et nous prévenait beaucoup contre le stress et l'adrénaline. Ce n'était sans doute rien. Mais pour nous deux, ou tout du moins pour moi qui cherchais de la compagnie et par dessus tout un confident, cela valait son pesant d'or.

Il y avait un parfum de déjà-vu tous les matins. Outre le fait que je sois toujours debout face à la fenêtre pour voir s'animer la ville aux premières lueurs du jour, et que mon équipier soit à la même heure en train de livrer bataille contre la lumière naissante, il me posait toujours la même question une fois le silence retombé et le soleil un peu plus haut sur l'horizon. Seule les modulations de sa voix variaient d'un jour à l'autre.

" Et maintenant que le soleil est levé, tu ne voudrais pas te recoucher ? "

Tantôt son ton était emprunt d'une certaine lassitude. Tantôt j'y décelais une pointe d'amertume. Chaque jour un nouveau sentiment : parfois de la sincérité, parfois une forme de supplication. Il n'appuyait pas toujours de la même façon sur les différents termes de sa phrase, et je savais qu'il cherchait la formulation qui me ferait céder à l'envie de le rejoindre. J'admirai plus sa patience à analyser différents effets de style que sa stratégie en elle-même. Car, inlassablement, je lui répondais non. Je le faisais même parfois à l'encontre de ce que je souhaitais réellement, dans l'unique but que le lendemain, j'entende à nouveau la même question sur un ton différent. J'avais adopté ce rituel matinal ... Et contre toute attente, il finirait tôt ou tard par me manquer.

Néanmoins ce matin là quelque chose devait changer et je le sentais. La journée s'annonçait longue, voire pénible en certains points, et je n'étais pas bien sûre d'être préparée à toutes les éventualités qui risquaient de se présenter à moi. Je crois qu'un fond de culpabilité avait resurgi dans un coin de ma tête la veille, et je n'arrivais pas à m'en débarrasser même après quelques heures de sommeil et de réflexion. Je n'oubliais pas que je n'avais jamais invité Lunis à venir ici. Non, j'étais contre. Totalement contre et en bras de fer avec son caractère buté pour l'empêcher d'être plus fou que je ne l'étais en décidant de mettre les pieds dans cette histoire. Mais je n'avais pas réussi à décourager sa loyauté légendaire, ni à le convaincre qu'il était plus utile à la maison que sur ce sol hostile. Il m'avait suivi dans cette galère de force, et tout autant que sa présence avait quelque chose de terriblement rassurant à mes côtés, il me posait de sérieux problèmes de conscience. Je devais trouver un moyen de lui éviter de finir abattu à la première occasion. Trouver comment passer outre la récompense misée sur sa tête parmi la pègre, et effacer son nom de la liste noire de cette bande de mafieux. Seulement j'ignorai en premier lieu si ma propre présence dans leur organisation allait leur poser problème ... En partant du principe que j'avais une chance de m'éviter l'exécution sommaire, j'avais encore la responsabilité de la vie ou de la mort de mon compagnon. Un poids non négligeable sur mes épaules fragiles ...

Le seul moyen viable de justifier sa présence à mes côtés serait de faire d'abord passer la vérité pour un mensonge, puis de retourner ma veste. En d'autres termes de le faire passer pour mon petit ami ... A sens unique. On avait déjà peine à démêler les noeuds de notre relation privée sur du long terme. Là je sentais d'office qu'on devait avoir une longue discussion à ce sujet pour éviter un malheureux malentendu sur le terrain. Alors contre toute attente, sachant que nous n'avions pas vraiment de moment " à nous " et que c'était de leur rareté qu'on tirait une grande partie de notre affection réciproque, je me suis glissé à ma place, côté gauche du lit. Je m'étais promise que ce troisième voyage sur le sol cubain signerait aussi des retrouvailles entre nos deux âmes blessées par trois années d'errance. Mais se redonner une chance dans ces conditions avait quelque chose d'étrangement attirant, et je ne pouvais pas m'empêcher de penser que nous n'aurions pas pu avoir de cadre aussi parfait pour mettre à l'épreuve nos sentiments. En l'instant, alors que je fixais son seul oeil sortant de sous l'oreiller brillant d'une lueur triomphale mais silencieuse, je pensais en parallèle qu'il allait me falloir faire un effort considérable pour assurer notre future couverture qui promettait d'être complexe et violente. Seulement un élan de frustration, mué en désir par je ne savais quel miracle, balaya ma crainte et mes pensées et me poussa directement à me rapprocher de Lunis. Ce dernier n'eut qu'à tendre le bras pour combler la dernière distance nous séparant corps et âme.

Enfin, j'allais réapprendre à aimer.



jeudi 9 janvier 2014

[ Event ] - Décembre 2018 (1)

Contexte : Décembre 2018. Ralph et Sandra, qui hébergent Lincoln depuis son retour en France, prennent quelques vacances avec ce dernier, leurs deux enfants, et Morgane qui souhaite leur filer un coup de main. Direction Cauterets, un petit patelin des Pyrénées, en vue de profiter de l'air de la montagne, des thermes, et éventuellement des pistes de ski. Peu après leur départ éclate un scandale médiatique inhabituel au SAVES, visant à mettre à mal l'image de l'organisation, et plus particulièrement de Ralph qui se voit accusé d'abus sexuels sur ses subalternes. Ne pouvant pas se défendre pour cause de prise d'otage simultanée, l'ex-patron du SAVES se laisse donner en pâture aux médias qui se révèlent manipulés par un membre proche de la Riscatto cubaine connu sous le nom de Joshua " L’Écarlate ". Il se laisse convaincre de ne pas écourter ses vacances, mais l'opération de Joshua déplaît fortement aux deux autres personnes voulant la tête du brun : Lowell, sans l'aval d'Arès, contre-attaque à son tour et utilise Ralph pour s'imposer face à ses rivaux. Devenu instrument de la guerre entre Arès, Lowell et Joshua, le Loup Brun est enlevé de jour, et sa femme décide de braver le froid - fait notable - pour dérouiller son instinct de survie et empêcher Lowell de surenchérir face à Joshua, ce qui pourrait bien coûter la tête du père de ses enfants.

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A partir de combien d'heure d'absence peut-on déclarer quelqu'un de " disparu ", et combien d'autres doit-on attendre avant que ne se meure l'espoir de le revoir en vie ... ?

Sandra comptait mentalement 34h sans aucune nouvelle, ne se basant que sur l'orientation tardive du soleil pour alimenter son inquiétude. Debout, immobile, perchée sur le point culminant le plus haut qu'elle ait pu trouver dans les environs, la brune embrassait du regard le paysage blanc s'offrant à sa vue sans éprouver le moindre plaisir face à l'immensité du monde. Le commun des mortels se sentirait petit, insignifiant face à ces montagnes épurées par la neige. Tout au contraire, Sandra, bien que perdue et agacée par la disparition brutale de son mari, se sentait capable de rivaliser avec l'orgueil de la nature elle-même. Réajustant le col de sa doudoune bleue, transie de froid par des heures d'errance dans ces montagnes, elle chercha à s'orienter pour redescendre vers le village voisin qu'elle apercevait à deux kilomètres à peine si elle traversait bois. Elle remerciait le ciel de connaître les environs de longue date, sans quoi la panique l'aurait peut être prise lorsqu'en rentrant à l'appartement loué pour l'occasion des fêtes, elle n'y avait trouvé qu'un mot, du sang, et un demi-adulte apeuré par la cruauté des hommes et la rançon de la vengeance. La commissaire n'avait pas non plus de scrupule à avoir laissé Lunis tout seul depuis douze heures : elle était convaincu que l'expérience avait été un choc, mais qu'en le laissant réfléchir assez longtemps pour réveiller en lui un instinct de fouineur jadis très prononcé, il allait finir par relativiser.
Néanmoins, elle commençait à avoir des inquiétudes pour ses enfants. Quand bien même sa mère avait accouru pour prendre en charge les jumeaux d'à peine trois mois, son instinct maternel personnel la titillait. Et ce dernier était à double tranchant au vue de la zizanie qui régnait dans ses pensées depuis trente quatre interminables heures. D'un côté, elle mourrait d'envie d'aller s'enquérir de l'état de ses bébés, et de rester à leur côté en pensant au retour éventuel de ceux qui avaient déjà forcé la porte d'entrée avec perte et fracas. De l'autre, sa loyauté envers l'homme qu'elle aimait la poussait à rester là, pistant la trace des trois inconnus ayant osé faire irruption dans leur royaume.

" C'est con parfois, l'instinct ... " murmura-t-elle à voix basse, plongée dans une profonde réflexion intérieure la faisant débattre sur la façon dont elle allait redescendre de son perchoir sans finir les fesses dans la neige avant la nuit. Elle avait une sainte horreur du froid. Et sa présence dehors était en soi une énorme preuve de fidélité envers son mari, même s'il n'était pas là pour apprécier la perspective, pourtant flatteuse. Levant le nez vers le ciel pour juger de si la neige avait déjà commencé à tomber, Sandra ronfla en constatant qu'elle perdrait les traces de ses cibles s'il prenait à la météo de s'emmêler. Un dernier coup d'oeil à la vallée, repérant pour la cinquième fois au moins les traces de pneus qui l'avaient intéressé toute la journée en contrebas de sa position, elle décida de tirer mentalement à shifumi de son sort. Et le hasard lui flanqua un coup de pied au cul quand il décida qu'il n'était pas encore l'heure pour elle de rentrer au bercail pour se couler un bon bain chaud et plonger le nez dans un Nesquik brûlant : elle consentit à s'éloigner encore un peu de son foyer de fortune pour longer les traces boueuses du 4x4 qui avait brisé son séjour en amoureux à la neige.

A quoi rimait cette mascarade ? Cette question ne quittait que peu son esprit. Ralph, pilier du SAVES, avait de nombreux ennemis depuis des années. On avait déjà essayé de le tuer, de le mutiler, de le rendre incapable de gouverner, de lui briser le coeur même. Et c'était exactement ce que quelqu'un avait tenté de faire ces derniers jours en salissant publiquement sa réputation, une grande première pour la maison qui essuyait son premier calvaire télévisuel. Ce Joshua avait du répondant, et sa tactique de prendre en otage la protégée de Ralph en prétextant qu'elle avait quitté son professeur à la suite d'une agression sexuelle n'était pas aussi rocambolesque que certains le pensaient. Pour sûr, une enquête allait être ouverte pour découvrir si oui ou non ces faits divers sordides avaient bien existé. Mais pourquoi irait-il enlever Ralph s'il voulait avant tout le discréditer ? Cette hypothèse n'avait aucun sens. C'est pourquoi Sandra, avec toute l'expérience du métier dont elle disposait, penchait plutôt vers un coup monté. Trois ennemis se dessinaient sur leur horizon depuis quelques mois, trois dangers différents, se livrant bataille entre eux par dessus le marché. Si ce Joshua avait promis d'envoyer Ralph en prison pour proxénétisme aggravé et agression sexuelle par abus de pouvoir, c'était qu'un des deux autres cinglé avait décidé de lui renvoyer le message suivant : " Toi, tu l'envois en prison, mais moi je suis capable de l'enlever vivant en pleine journée sans laisser de trace ". Pour peu que le troisième se joigne au délire, Sandra doutait de revoir son homme vivant.

Une bonne demi-heure s'écoula sous le silence de la montagne. Sandra, dont les pensées vagabondes oscillaient entre sa liste de course et les raisons ayant conduits à ce nouveau mystère, ne quittait pourtant pas des yeux les sillons de neige fondue qu'elle longeait depuis tantôt. Elle ne s'arrêtait que pour s'orienter par rapport à la vallée qu'elle avait quitté, ou remonter son col pour la énième fois en repoussant l'image d'une tasse à café servie avec des petits gâteaux au coin du feu. Dieu qu'elle haïssait le froid, et ne manquait pas de se le répéter à chaque fois que l'occasion se présentait à elle. Et ce n'était un secret pour personne. Combien de fois la brune n'avait-elle pas reçu un seau d'eau froide sur la tête ? Quand elle n'était pas enfermée dans une chambre froide ou obligée de sauter elle-même dans une mer à dix degrés ... On est vilain ou on ne l'est pas.
S'occupant l'esprit, ignorant la lumière crépusculaire descendant sous les silhouettes de roches l'encerclant, Sandra marcha encore un bon quart d'heure avant d'être enfin récompensée de ses pénibles efforts à braver le vent froid et la neige molle. Ce n'était pas dans son credo personnel de s'angoisser à s'en faire des films plus ou moins crédibles. S'il était acquis qu'elle éprouvait une certaine anxiété quand à l'état de son compagnon quand elle poserait ses bottes à ses côtés, chose humaine après réflexion, un tel état d'esprit aurait freiné son jugement. Le pire ennemi dans le métier restait la panique, la perte de contrôle émotionnel ne pouvant que vouer à l'échec toute tentative d'être lucide.

Elle connaissait deux cas de figure particulièrement dangereux.

Le premier, qu'elle évitait en ce moment même, consistait à céder à ses sentiments. Amour et travail ne faisait de toute évidence pas bon ménage pour des esprits jeunes et volages. A contrecoeur, elle s'avoua n'être plus aussi jeune que jadis, mais elle se fit un doigt d'honneur mental en se rétorquant à elle-même qu'elle en tirait au moins l'expérience qui lui était dû. Ce à quoi, la commissaire dû dans la foulée émettre une objection en se rappelant qu'en l'état, elle était toute seule face à l'inconnu. Ce qui revenait à braver LA règle des règles, le sacro-saint credo de la maison stipulant qu'un danger n'arrivant jamais seul, il ne fallait jamais être soi-même seul pour l'affronter. Il y avait donc égalité entre elle et sa conscience pour le moment.

Le second cas de figure dangereux, pour ne pas dire suicidaire, était alimenté par l'esprit de vengeance. Celui là même qui faisait battre les coeurs depuis des décennies, et qui à son goût avait engendré pas moins de 4 morts sur la roue, dans l'ordre : Annaelle, la Reine, Aurel, le Roi, James, le Renégat, et Régis, l'Exilé. A cela pouvait s'ajouter le pauvre Sceyne, qui n'avait probablement rien demandé de plus sinon vivre la vie qu'il avait choisi, et dont la malchance avait été d'en savoir trop sur des sujets trop sensibles. En d'autres termes il y avait pratiquement égalité entre les deux camps s'affrontant depuis deux générations. Et Sandra n'allait pas attendre que le prochain mort se présente à elle, surtout que tout son camp s'attendait depuis quelques temps déjà à ce que le prochain de la liste soit le fils du Roi.

Ralph.

La brune s'apprêtait à se lancer une une autre de ses objections piquantes lorsqu'une lueur vive, mais brève, vint heurter la sensibilité de son champ de vision. S'arrêtant, constatant en serrant les dents qu'elle n'avait aucun endroit où se mettre à l'abri de la vue d'un potentiel inconnu rôdant dans les parages, elle balaya rapidement du regard tout son côté droit, espérant apercevoir à nouveau la lumière qu'elle avait cru venir de là. Prudente, elle décida de contourner l'orée qui s'offrait à elle, et de jeter un oeil à ce qu'il pouvait bien cacher sans débarquer de front dans l'épaisse couche d'aiguilles risquant de ralentir un potentiel repli stratégique. Glissant sur la neige, légèrement baissée de manière à se fondre à hauteur d'un demi-tronc, l'adrénaline lui arracha un sourire victorieux lorsqu'elle comprit qu'elle venait de retrouver la voiture qu'elle avait eu tant de mal à pister toute la sainte journée. S'approchant encore, ignorant ce qu'il pouvait bien y avoir derrière ce 4x4 noire prenant toute sa vue, Sandra tendit la main pour venir la poser sur la capot du véhicule. Le moteur, à son grand soulagement, était froid. Même si la température était loin d'être torride, un regard dans l'habitacle confirma sa théorie : il n'avait pas servi depuis des heures, ce qui pouvait supposer que son ou ses propriétaires étaient terrés par très loin de sa position. Elle ne vit aucune trace de sang ou de lutte à l'intérieur, ce qui eu pour effet d'apaiser le fond de crainte qui s'était réveillé lorsqu'elle avait posé les yeux sur la carrosserie.

Contournant par l'avant le cylindré, toujours à demi-pliée en deux pour ne pas se trahir au moindre coup de vent, elle découvrit avec excitation que ce qu'elle n'avait pas réussi à distinguer clairement tantôt était en réalité une cabane de garde-chasse, ou un truc dans le genre au vue de la vétusté des lieux paumés en pleine montagne. Le flash de lumière qui avait capté son attention était en réalité l'oeuvre de la télévision et de quelque chaîne psychédélique à ne regarder que si on a l'estomac solide et la certitude de ne pas être épileptique pour autant. Quoiqu'il soit en train de regarder, probablement un porno d'ailleurs, le type qui avait eu envie de se détendre dans un fauteuil avec une bière et du saucisson venait de lui filer un bon coup de pouce. Remerciant sa bonne étoile, Sandra entreprit de faire le tour de la maisonnée, non sans jeter quelques coups d'oeil aux fenêtres afin, peut être, de monter un plan digne de ce nom. Encore fallait-il qu'elle soit au bon endroit, car aussi téméraire et inconsciente qu'elle soit, la belle n'avait aucune envie de faire faire une crise cardiaque au pépé du coin dînant devant Question pour un Champion ...

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